lundi 29 août 2011

Mon cher Gygy


Image : ma gynécologue, le Dr Chung.

Une fois n'est pas coutume, je vais parler aujourd'hui de mon expérience chez ma gentille gynéco… en Corée. Car oui, à force de vous bassiner avec, vous avez du vous rendre compte que je vivais à des lieux de ma patrie, la France. Attention ça va être long.


Mais pourquoi gynéco en particulier ? tout simplement parce qu'à travers ses consultations qui sont pour le moins fréquentes, son cabinet et son “mode opératoire” sont selon moi très représentatifs des moeurs au ”pays du matin calme” et  peut aussi montrer de cette manière le trou béant séparant notre culture à celle à laquelle je suis confrontée quotidiennement.

Imaginez vous dans la situation qui suit : il est dimanche et une urgence gynécologique vous pousse a consulter un médecin sans attendre : pas de problème, un cabinet médical est ouvert 7/7 j non loin de chez vous afin de vous accueillir dans les plus bref délais.

Point particulier : en Corée, point de généralistes, mais beaucoup de spécialistes ainsi que des hôpitaux et cliniques à tous les coins de rue. Ici, on ne rigole pas avec la santé.

Vous arrivez donc au 8ème étage d'un immeuble, où se trouvent de nombreux cabinets médicaux et pharmacies attenants celui de Mme Gygy. Vous ouvrez la porte et vous vous retrouvez face à une salle d'attente aux couleurs acidulées tout confort : frigo avec boissons en libre service, machine a café, bien que loin du goût de notre cher expresso, c'est aussi en libre service, pèse-personne (?!), machine pour prendre notre tension, bonbons, panier a thés, mais surtout, de nombreux ordinateurs pour les monsieurs attendant leur dulcinée ou bien-sûr pour vous-même.

Bon, je vous ai décrit le décor, voyons un peu le service d'accueil et tout ce qui va avec : Là encore, je n'ai jamais eu besoin de venir à une heure fixe, il suffit de se pointer le jour imposé en cas de rdv. Pas de pression supplémentaire donc, dans un pays où tout doit aller vite-fait, bien-fait. Signature, date de naissance et en avant l'attente de 10 minutes maxi.

En voulant vous assoir sur l'un des fauteuils ou tabourets avec tables à votre disposition, vous croisez une jeune fille qui fait profile bas en appelant doucement son copain. Elle a passé quelques temps dans le cabinet afin de se faire avorter.

Si le fait de consulter vos mails ne vous intéresse pas, vous pourrez toujours regarder la télé sur écran plasma, ou lire votre brochure sur la chirurgie du point G et ses bénéfices. Normal, quoi.

Maintenant, c'est votre tour. Vous l'avez bien vu sur l'écran numéro 2 où sont affichés les noms par ordre de consultation. On vous appelle et le docteur, comme tout autre qui se respecte, vous demande ce qui ne va pas, ou regarde votre dossier si il y a. De nombreuses figurines d'utérus ainsi de des photos sont là pour vous aider à comprendre ce qui se passe exactement dans votre vagin en ce moment. Elle vous montre les résultats d'analyse d'urine que vous avez fait la veille dans l'après midi, vous explique les différentes options et hop, on va dans la salle d'à côté pour vous ausculter. Enlevage de culotte, mise en place de LA jupe bleue fendue au milieu et zou illico les pieds dans les étriers.  Après un “bref” coup d'oeil, on vous prévient qu'une mini caméra va être introduite dans votre saint des saints afin de vous montrer exactement ce qu'il en est. Personnellement, la première fois, j'étais si choquée-fascinée que j'en ai fait des cauchemars pendant 2 jours. J'allais avoir mes règles, alors imaginez.

Ici, il est normal d'avoir ce type d'appareillage dernier cri. C'est un gage de service de qualité. Vous verrez donc votre côlon, estomac, oreilles ou vagin à tout bout de champs. Excellent moyen de se connaître plus en profondeur… Si les médecins ne se mettent pas au goût du jour en matière de technologie, les clients ne viennent tout simplement pas… ce qui pose un réel problème car même les médecins se font concurrence.
Nettoyant, désinfectant, crème etc, et on vous demande d'aller dans l'autre pièce afin de vous faire l'injection adéquate. Ici, on vous pique aux fesses et non au bras.

Petite anecdote, mes fesses sont veineuses, ce qui semble un peu étrange selon ma gynéco (si vous aviez vu sa tête lorsque je lui ai montré mes fesses…). A la suite d'un traitement de deux semaines avec piquouzes quotidiennement, j'avais d'énormes bleus violet-foncés à chaque fesse. Très douloureux et pas du tout, mais pas du tout sexy.

La piqûre terminée, vous ne revoyez plus votre chère gynéco qui ne vous dit même pas un au revoir. Bizarre au début, mais on s'y fait. Comme au téléphone quand on vous raccroche au nez. Les adieux, c'est pour les chochottes.

Maintenant, vous devez payer. Bah oui. Petite facture : consultation, soins et piqûres : 15000 won, soit 10 euros. Ca va. Si on rajoute l'assurance… Mais bon, si on doit y aller tous les jours pendant une semaine, ça revient vite cher si on est vraiment malade.

Attendez ! ce n'est pas fini ! Vous devez aller à la pharmacie qui se trouve juste en face pour acheter vos cachets quotidiens. Oui, ici, les médecins ne prescrivent pas de boîtes de médocs, ils les sélectionnent au nombre exact/par jour dans de petits sachets individuels et en fonction de votre cas, matin, midi, soir.
Voilà, vous êtes paré à affronter votre calvaire, en toute sérénité.

Vous croyez que c'est le paradis ? Il ne faut surtout pas oublier que la Corée du sud, c'est le pays des paradoxes : tradition vs capitalisme rayonnant. Un bigbang en constante implosion sur lui-même. Truc bizarre, quoi. Chez le gynécologue, par exemple, oui, c'est cool, on nous chouchoute, mais bon, dès qu'il s'agit de la pilule du lendemain, c'est entretien obligatoire avec ce dernier, on nous fait une leçon de morale, une brochure sur “hannn c'est pas bien ce que vous faites-là”. Après votre big shame, vous allez à la pharmacie, et le pharmacien lui encore vous donne une leçon à sa manière, “hannnn je fais les yeux bizarres, je vous jette le médoc limite à la tronche”. Sympa. Promis, on ne recommencera pas… Pour un pays où on se permet de se faire avorter comme ça, de se faire opérer du point g, c'est assez contradictoire… Ici, les bébés, c'est sacré. Le sexe, on aime, mais en même temps c'est mal bouhh on ira en enfer (70% de la population est chrétienne, pour info. Non, pas bouddhiste.)

Voilà, par mon expérience, j'espère que je vous ai un peu éclairé sur ce qu'est ma vie, ici, et le type de soin que l'on peut nous prodiguer. Qu'en pensez-vous ?

Le site internet (oui, en plus, ils ont des sites en général…) ICI. Juste pour vous donner une idée… je sais, je sais, vous ne parlez pas coréen.

Note : non, il n'y a pas qu'elle qui est comme ça, j'en ai visité d'autres des docteurs du vagin.

2 commentaires:

  1. Ca doit être bizarre au début de se "voir de l'intérieur" comme ça ^^ ahahahah j'ai jamais vu ça en France !

    Ahh ces coréens ont un côté très paradoxal c'est sûr...mais on les aime quand même n__n

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  2. Bizarre, ho que oui, et pas qu'au debut haha.

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